Immeuble Vidal (1935)
RETOUR À LA TRADITION APRÈS « LES ANNÉES FOLLES »
Place de Belgique (n°2), l'immeuble d’angle dont le rez-de-chaussée est occupé par le restaurant « Le Sujet » mérite d’être observé. Avec ses fenêtres composées dans des bandes verticales qui se terminent en haut par des arcades peintes surmontées d’une sorte de corniche courbe en béton armé, son soubassement également peint, et ses gardes corps en fonte, il marque le retour au classicisme qui s’opère dans les années 1930, avec la crise économique qui suit le krach boursier de 1929 et la montée des totalitarismes en Europe.
On bannit tout décor superflu, on renonce aux excentricités joyeuses de "l’Art Déco » et l’on renoue avec un classicisme ordinaire dans l’esprit français.
Très joliment ravalé dans un camaïeu de gris, cet immeuble, qui est l’extension et la surélévation d’un bâtiment plus ancien, marque bien un des angles de la place de Belgique et se raccorde avec délicatesse à l’immeuble voisin.
C’est une des dernières expressions d’une tradition architecturale et urbaine remarquable.
Le terrain sur lequel a été érigé cet immeuble dépendait à la fin du XIXe siècle de la métairie Conte dans le quartier de la Gare. Sur celui-ci sera édifié, au début des années 1880, un premier bâtiment élevé d’un étage sur rez-de-chaussée où sera exploité pendant quelques mois un Concert-Bijou (voir rubrique « Le saviez-vous » ?). Le bâtiment est revendu par Mme Albertine Biscahy veuve de M. Joseph Chapus à M. Joseph Vidal négociant et à Mme Joséphine Esplandiu son épouse le 10 octobre 1933 en l’étude de Me Arres notaire à Perpignan.
Il est ainsi composé d’une maison d’habitation en mauvais état élevé d’un étage sur rez-de-chaussée et d’une bâtisse à usage de garage attenante à l’Est de ladite maison et la moitié seulement dudit immeuble au-dessus dudit garage à partir du premier étage, la limite divisoire allant du Nord au Sud le tout sis Place de Belgique n°2 cadastré section H au lieu-dit Saint Assiscle.
A cette date, le bâtiment est frappé d’alignement et ne peut être modifié car la Ville a imaginé en 1926 un plan d’aménagement d’extension et d’embellissement de la Ville connue sous le nom du Plan Dervaux approuvé le 13 décembre 1927 qui prévoit entre autres idées saugrenues de créer une avenue de Belgique partant de la gare et rejoignant la Basse à la jonction de la rue de l’Avenir et du quai Nobel, traversant la place de Belgique et égratignant grave la maison Chapus.
Le 20 janvier 1934, M. Vidal demande malgré tout à la Ville de l’autoriser à reconstruire et surélever son immeuble.
La Ville décide le 14 mars 1934 d’abandonner le plan Dervaux dans le quartier de la Gare. Il faut dire que beaucoup de maisons s’étaient construites depuis 1926 sur le trajet projeté de la superbe avenue de Belgique la rendant de facto irréalisable.
Le 26 janvier 1935, le permis de construire est accordé. L'architecte est B. BOUYSSOU qui était installé 4 rue du 14 juillet dans le quartier Gare.
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